Ici une Clémence déclinée en Merlot 2020 élevé en fût de chêne, 13,5%. A côté j'ai mis la carte postale traditionnelle d'Avignon avec les papes desquels la pensée populaire exclue le huitième, Clément VII et le neuvième, Benoît XIII. Et pourtant leur illégitimité n'a jamais été déclarée par l'Eglise.
Pour une exposition où j'ai traité de la papauté d'Avignon j'ai choisi la bouteille de VIognIer qui comporte les chiffres romains qui renvoient à Clément VII qu'on ne confondra pas avec Clément VII, second.
J'ai trouvé ces vins dans des magasins servis par des spécialistes compétents qui ont tous su me dire le rapport entre la cloche Clémence et le vin la Clémence mais aucun ne connaissait le lien entre le pape Clément et la Clémence. Et pourtant la déclinaison genevoise est assez amusante puisque la Clémence a aussi donné son nom à un restaurant et les usagers du Bourg de Four se sont amusés aussi à baptiser Clémentine la jeune fille en statue qui fait face au restaurant.
Cette statue gracieuse de Clémentine nue est la plus bel hommage que la Genève protestante pouvait offrir à la papauté.
Un discret VII en chiffre romain intégrée à la statue nous rappelle l'origine genevoise de la papauté clémentine.
Avant d'être Clément VII, Robert de Genève était né au château comtal d'Annecy, fils du comte de Genève Amédée III. Ses quatre frères, Aymon, Amédée, Jean et Pierre se succèderont à la tête du comté, qu'il finira par hériter lui-même entre 1392 et 1393. On trouve dans la même cave que la gamme des Clémence, des bouteilles en hommage à cette dynastie. Ici une cuvée 2021.
Les armoiries ont une particularité:
On n'y reconnait pas les couleurs ou les métaux, mais on voit bien que si elles sont inspirées de l'original, d'or à quatre points équipolés d'azur, elles portent une brisure, sous la forme d'une cotice de gueule brochant qui est celle des Genève-Lullin,
ou de sable qui est celle des Genève-Boringe.
Je suis incapable de deviner ici de quelle branche, il s'agit. On peut se référer aux détails dans l'armorial et nobiliaire de Savoie.
Il y a d'autres éléments sur cette bouteille qui peuvent intéresser les héraldistes:
1. sur l'étiquette le label de reconversion biologique combinant un bourgeon et la croix suisse:
2. sur la contre-étiquette le logo de La Cave de Genève qui combine l'aigle de Genève et une feuille de vigne, à la place de la clé pontificale.
3. sur la contre-étiquette également le logo de Swiss Wine
4. un des nombreux logos de recyclage dans sa version circulaire anti-horaire à deux flèches dont nous ne connaissons pas d'autres utilisations. Mais il n'est pas indiqué, si ce recyclage concerne le verre, ou le papier uniquement, fabriqué à partir de résidus de fibre de canne à sucre sans bois.
J'ai bu cette bouteille le 8 septembre 2024 et profité pour faire quelques recherches sur le prestige de ces armoiries.
Lorsque Clément VII, pape qui était aussi Robert III de Genève mourut sans descendance, le beau-fils d'une des ses cousines fit connaître ses prétentions sur Genève, c'était Jean III prince d'Orange (+1418) qui le porta sur ses armoiries, et même si en 1424, elle renonça à ses prétentions en faveur d'Amédée VIII, futur pape Felix V, la famille des Chalon-Orange garda les armoiries de Genève brochant sur les siennes:
Cette marque genevoise passa ensuite au Nassau! René de Nassau-Dillenburg (+1544) est fils de Claude de Chalon soeur de Philibert dernier prince d'Orange de la Maison de comtale de Bourgogne, Il est donc héritier d'Orange par son oncle et Nassau par son père. Mais il releva le nom et les armes de la famille Orange-Chalon plutôt que de s'appeler Nassau-Breda. On va donc toujours retrouvé la marque genevoise sur ses armoiries.
Le futur roi d'Angleterre et d'Irlande, et roi d'Ecosse Guillaume III (+1702) les porta ainsi lorsqu'il n'était encore que prince d'Orange et Stathouder de Hollande
Ecartelé : I d'azur, semé de billettes, au lion (coiffé d'une couronne fermée) d'or, armé et lampassé de gueules(tenant dans sa patte dextre un faisceau de sept flèches d'argent, pointées et empennées d'or, et dans sa patte sénestre, une épée d'argent, garnie d'or) brochant sur le tout (Maison de Nassau) ; c'est encore les armoiries des Pays-Bas et on les trouve en II et III sur les armoiries actuelles d'Henri, grand-duc de Luxembourg.
II, d'or, au léopard lionné de gueules, armé. couronné et lampassé d'azur (Katzenelnbogen) ; la ville de Katzenelnbogen utilise encore quelque chose d'approchant sous la forme d'un lion sans couronne, lampassé et armé d'argent, c'est à dire qui avec la tête de profil alors que léopard lionné regarde de face, et la langue et les griffes blanches.
III, de gueules à la fasce d'argent (Vianden) ; qui est encore l'écusson de la ville de Vianden, ou Veianen au Luxembourg, point d'entrée des troupes allemandes ke 10 mai 1940. Il est identique aux armes du duché puis de l'archiduché d'Autriche et du drapeau actuel de cette république. Son origine remonte à la maison de Babenberg.
IV, de gueules à deux lions passant (ou léopardés) d'or armés et lampassés d'azur l'un sur l'autre ;
sur-le-tout écartelé, aux I et IV de gueules, à la bande d'or (Châlon). Les comtes de Châlon seront prince d'Oranges et
et aux II et III d'or, au cor de chasse d'azur, virolé et lié de gueules (Orange) ;
sur-le-tout-du-tout de cinq points d'or équipolés à quatre d'azur (Genève) ;
un écusson de sable à la fasce d'argent brochant en chef (Veere)
un écusson de gueules à la fasce bretessée et contre-bretessée d'argent brochant en pointe.
Guillaume III d'Angleterre et d'Irlande alias Guillaume II d'Ecosse abandonnera cette configuration dès son accession au pouvoir en 1669. A ce moment les armes de Genève ont déjà ressurgi chez les ducs de Savoie et Prince de Piémont comme chez Victor-Amédée Ier (+1637). Son fils François-Hyacinthe (+1638) et le frère de celui-ci Charles-Emmanuel II (+1675) l'utilisèrent de même.
La génération suivante, Victor-Amédée II (+1730) qui devient également roi de Sicile puis de Sardaigne, en pu rajouter quelques ingrédients dans la minestrone. Mais la marque de Genève est toujours bien présente. Le fiston Charles-Emmanuel III (+1773) garda la même mixture. Victor-Amédée III (+1796) n'y mis pas son grain de sel. Le royaume est réduit à sa partie insulaire et Charles-Emmanuel IV règne jusqu'en 1802, avec une bonne partie de ses états enlevées par la France, il abdique pour son frère Victor-Emmanuel I qui rétablit son royaume en y rajoutant la république de Gènes après le traité de Vienne mais qui abdique en 1821. Mais celui-ci n'utlisera plus la marque genevoise qui donc disparaît chez les Savoie.
C'est ainsi que l'écu des Genève, définitif depuis le comte Aymon II (+1280) a pu se faire voir ailleurs que sur les armoiries de Clément VII (+1394), et qu'on les retrouve chez les futurs rois d'Angleterre et les futurs rois d'Italie.
et de son prédécesseur l'autre Robert de Genève (+1287), qui fut évêque de Genève et dont les armoiries à la mode d'aujourd'hui pourrait se décliner ainsi:
Finalement son usage existe encore aujourd'hui dans la commune d'Avully à l'histoire mouvementée.
D'or à quatre points équipollés d'azur, au chef du même, chargée d'une fasce crénelée d'or. Inventé en 1924 pour se rappeler le souvenir de la famille de Genève et notamment Humbert (+1225) qui n'utilisait pas ces armes. Les trois créneaux représente les trois villages de la commune, Avully, Epeisses et Eaumorte.
D. Rausis
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